Jean-Luc Marcastel : découvrez son parcours d’auteur

Aujourd’hui, Jean-Luc Marcastel, ancien professeur et auteur de la série Louis le Galoup, dont le tome 5 est paru aux éditions du Livre de Poche Jeunesse, nous en dit plus sur son parcours d’auteur !


Avant d’être auteur, vous avez été professeur d’Histoire. Pouvez-vous nous présenter cette expérience en quelques lignes ?
Mon rêve, depuis mes 9 ans, était de devenir auteur, mais il n’y a pas d’école ni d’examen pour ça. Avant que mon rêve ne se réalise, il a bien fallu que je fasse autre chose pour gagner ma vie… Or il se trouvait que j’aimais l’histoire, et mieux encore, que j’aimais raconter des histoires, à l’oral aussi bien qu’à l’écrit, ce que je faisais, semble-t-il au dire de certains, avec quelque talent.
Je racontais donc l’Histoire, tentant de faire revivre, du mieux possible, les temps passés, de faire ressentir et comprendre à mes élèves ce qu’un film, un diagramme, ou des chiffres, ne sauraient faire.
Pour moi, l’« Histoire » avec un grand « H » est avant tout un ensemble « d’histoires », celles de tous ces gens qui l’ont faite ou vécue au quotidien, qui ont souffert, aimé ou combattu pendant ces grands évènements qu’ils ont traversés, ces époques révolues.
Peut-être certains de mes élèves ne se souviennent plus aujourd’hui du nombre de morts exacts qu’a causé la première guerre mondiale, mais je vous jure qu’ils n’auront pas oublié la description de la vie des poilus couverts de vermines et de boue, dans leurs tranchées, sous la mitraille ennemie ou la menace omniprésente des gaz qui vous rongeaient les poumons…

Louis le Galoup est une saga fantastique qui se déroule sur fond d’univers médiéval. Dans la création de cet univers, quelle place avez-vous laissée à la véracité historique et quelle place avez-vous laissée à la fiction ?
Louis le Galoup est, si on veut se plier au jeu des étiquettes (ce que je refuse catégoriquement), une « Uchronie médiévale ». Entendez, par ce nom barbare : une histoire se déroulant dans un monde parallèle où l’histoire a bifurqué en l’an 999 quand « le Poing de Satan » tombé des cieux, a frappé la terre et brisé la France en deux parties. La chronologie, à partir de cette date, n’est donc plus la même que dans notre réalité. Cependant, historien de formation, et même si mon récit est imaginaire, je tenais à ce que l’univers dans lequel évolue mes héros soit le plus réaliste possible et conforme à l’époque dans laquelle il se déroule.

Vous n’y trouverez donc pas de jeune femme en tenue vaporeuse se prélassant devant la grande fenêtre en ogive d’un château improbable. Au moyen âge on ne portait pas de robes vaporeuses, les étoffes étaient, la plupart du temps, lourdes et épaisses, quant aux fenêtres des châteaux, elles obéissaient à deux impératifs, assurer la sécurité et empêcher le froid de rentrer, et étaient donc les plus petites possible… De même, je me suis interdit certains mots comme « secondes », « minutes » tant de chose qui n’existaient pas au moyen âge où les horloges étaient inconnues.
Bref, vous l’aurez compris, si cette histoire se déroule dans une France Imaginaire, la vie quotidienne de mes héros est, elle, rigoureusement conforme à ce que nous savons de cette époque et qui est souvent bien plus incroyable, pour nous, que tout ce que les cinéastes d’Hollywood ont pu inventer.

Cette saga est destinée à la jeunesse, essayez-vous de faire aimer l’Histoire à vos lecteurs en même temps que vous les divertissez ?
Des vestiges de mon professorat vous voulez dire ? Peut être…
Quant à cette histoire, elle est destinée à tout le monde, disons, au même lectorat que « Le Seigneur des Anneaux » c’est-à-dire les jeunes de 9 à 110 ans…
Je veux surtout leur faire vivre et ressentir cette époque, telle qu’elle était au quotidien, plonger mes lecteurs dans un « vrai » monde médiéval tout en leur racontant une histoire fantastique. Je veux les faire rêver, oui, mais comme aurait pu le faire un de ces conteurs qui parcouraient les campagnes et payaient leur gite et leur couvert par une bonne histoire à la veillée.
Pour rendre ce récit plus vivant et « juste » encore, j’y ai même développé un style (qui doit beaucoup à un de mes maîtres en écriture et en maléfice, Claude Seignolle) que j’appelle « l’oralité écrite », afin que le lecteur ait vraiment l’impression, en lisant le livre, d’être assis près de l’âtre à écouter le conteur. Les phrases chantent, comme une musique, et je suis sûr que beaucoup de mes lecteurs ont envie de lire cette histoire à d’autres à haute voix.
Enfin, je réutilise aussi quelques mots de vieux français ou d’Occitan, oh pas beaucoup, juste ce qu’il faut, comme quand on met une pincée de sel, de poivre ou de piment pour relever la sauce d’un plat. Ces mots, souvent fort amusants, sont tombés en désuétude, mais certains de mes lecteurs s’en emparent et les intègrent à leur vocabulaire : « se racrapoter » par exemple, qui signifie « se ratatiner » ou bien « cruque » qui signifie « cruche » mais peut aussi vouloir dire « tête » comme dans « prendre un coup sur la cruque », ou « brancher » qui, au Moyen Age, loin de désigner l’action de mettre un fil électrique dans une prise, signifie « pendre à une branche d’arbre ». Quant à « la Goupille » il s’agissait de la femelle du renard (le Goupil) mais ce mot pouvait aussi désigner une jeune fille rousse.
Ce ne sont, bien sûr, que quelques exemples…
Et oui, je pense que tout cela peut donner le goût, à mes lecteurs, de se plonger dans l’histoire de cette période finalement assez mal connue si on fait abstraction des lieux communs et des idées toutes faites que les plus récentes recherches en histoire et archéologie médiévale sont en train de dépoussiérer.

Vous avez également participé à la conception d’un outil pédagogique qui allie votre intérêt pour l’Histoire et l’univers de Louis le Galoup : l’exposition Vivre en France au temps du Galoup. Etait-ce un moyen pour vous de renouer avec l’enseignement ?
Renouer avec l’enseignement, je ne sais pas, mais prolonger l’expérience du livre, certainement.
Comme je le disais, le livre est une invitation à vivre et partager les aventures de mes héros au Moyen-âge. Il paraissait donc naturel d’utiliser cette histoire pour présenter la vie de tous les jours au Moyen-âge à travers dix panneaux thématiques abordant chacun, de manière ludique et attractive, en lien avec la série, un aspect de la vie médiévale. Ces panneaux se doublent de deux livrets téléchargeables sur le site du Livre de Poche Jeunesse, un questionnaire pour les élèves et un livret de réponses pour les enseignants… bref, un outil « clefs en main » pour étudier le Moyen-âge de manière vivante et ludique.
Ces panneaux, dont j’ai assuré la conception et réalisé les diagrammes et documents, en collaboration avec ma femme, Stéphanie Marcastel, enseignante en histoire géographie en lycée et formatrice à l’IUFM d’Auvergne, sont richement illustrés par des dessins de mon illustrateur, Jean-Mathias Xavier.
Et pour répondre à votre dernière question, non il ne s’agit pas de renouer avec l’enseignement, mais de revenir au contact de mes jeunes lecteurs qui m’ont tant apporté et appris à leur tour et m’ont donné matière à écrire mille histoires… Comment écrire pour la jeunesse si on ne connait pas les jeunes de son temps, leurs questions et leurs préoccupations, si on a oublié ce que nous étions nous-mêmes à leur âge ? Les rencontrer, discuter avec eux, voir le monde à travers leurs yeux le temps d’une heure ou deux, c’est entretenir l’enfant qui, en nous, possède encore la capacité de rêver et de s’émerveiller.
Enfin, maintenant, je n’ai plus que le bon côté des choses, je suis là pour raconter non plus seulement l’Histoire, mais « mes histoires » et n’ayant plus à noter les élèves, je ne viens à leur rencontre, en milieu scolaire, que pour les faire rêver… Si je peux, en plus, leur donner la passion de l’histoire, et bien c’est merveilleux…
En fait, je n’ai jamais cessé d’être ce que je suis maintenant, depuis l’instant ou j’ai raconté ma première « menterie » à mes cousins, il y a bien des années de cela, au coin d’un cantou où ronflait une belle flambée… Un conteur d’histoire.


Pour en savoir plus sur Jean-Luc Marcastel, rendez-vous ici ! Et pour découvrir d’autres parcours d’auteurs, c’est par ici.

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